Faire des disciples

Faites des disciples…

Cet article est fondé sur l’étude, menée par Linda Oyer dans le dossier de Christ Seul « Disciples… donc en mission ! »1, d’un verset clé sur la thématique « Faire des disciples ». 

« Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit »2

Suite à la résurrection de Jésus, les disciples sont envoyés porteurs d’un mandat, chargés de perpétuer le ministère de leur Maître. En quoi consiste ce mandat, cette mission de l’Église chez Matthieu ? En quoi va-t-il plus loin que « dire Dieu » ?

« Allez… » Il ne s’agit pas d’abord de partir pour traverser des frontières, même si cela peut arriver, mais plutôt d’assumer la tâche de faire des disciples, là où nous sommes, quelque soit notre métier, en participant à ce que Dieu fait dans le monde. Le mot souligne l’urgence et l’importance de la tâche.

« Faites des disciples » : c’est le seul verbe à l’impératif dans cette phrase (en grec). Il insiste sur la formation des disciples plutôt que sur la proclamation verbale de la bonne nouvelle. Il souligne la volonté de Jésus de former une communauté incarnant sa vie et son enseignement.

La formation spirituelle est un processus de transformation à l’image du Christ qui s’inscrit dans un contexte communautaire, et elle est un instrument de bénédiction pour notre prochain.

Dans cette transformation, l’accompagnement spirituel d’une personne prend du temps. Les verbes « baptiser » et « enseigner » impliquent bien un processus.

« … les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… ». Dans le baptême ainsi décrit, on reconnaît qui est Dieu et on s’engage envers Lui. A la fin du premier siècle, le baptême était le rite d’incorporation dans la communauté chrétienne.

Il est intéressant de comparer ce texte à celui de Genèse 17 où Dieu fait alliance avec Abraham. Dieu se présente à lui comme le Tout-Puissant, Jésus se présente à ses disciples comme le Ressuscité, avec un pouvoir absolu. Comme les disciples, Abraham a une réaction d’adoration, mais aussi de doute. Tous ont un rôle fondateur d’un nouveau peuple et sont vecteurs de bénédiction « pour toutes les nations ». Il y a un signe d’appartenance à ce nouveau peuple : la circoncision dans un cas, le baptême dans l’autre. Abraham a la responsabilité de marcher devant l’Éternel et d’être intègre, les disciples celle de garder tout ce que Jésus a enseigné. Tous reçoivent la promesse de la présence divine3.

Dans cette perspective, l’Église peut être considérée comme une nouvelle communauté mise à part pour être au service de tous les peuples. Un peuple qui ne se définit pas d’abord comme « croyant » à un dogme, mais comme « instrument » de la bénédiction et de l’amour de Dieu pour le monde.

Un processus de transformation de « l’être et du faire », à l’image du Christ

En disant « … leur enseignant à garder tout ce que je vous ai prescrit », Jésus ne confie pas à ses disciples la tâche de simplement enseigner une saine doctrine ou un certain contenu intellectuel. Il souligne la nécessité de développer un style de vie vécue dans l’obéissance à Jésus, au-delà de l’observance extérieure, qui pénètre jusqu’à l’attitude et à la motivation intérieure. C’est une transformation de l’être.

Danger d’abus de pouvoir

Cependant, quand on prône une obéissance radicale aux commandements de Jésus et si on ne considère que ces versets de Matthieu, on peut facilement adopter une mentalité conquérante où, pour faire des disciples, tout est permis. Même si, en bons mennonites, nous n’allons pas user pas de la force physique pour faire des disciples, le risque d’un abus de pouvoir spirituel est réel, et pas seulement pour les pasteurs ou les prédicateurs. Etant tous concernés par la mission de « faire des disciples », nous sommes tous guettés par le risque de mal l’accomplir.

En effet, dès qu’on partage la bonne nouvelle de Jésus-Christ, dès qu’on accompagne un nouveau chrétien, souvent fragile, et qu’on se voit confier un problème, on peut être tenté de s’octroyer un certain pouvoir spirituel (même infime) sur lui.

L’un des dangers est de négliger les commandements les plus importants en les situant tous au même niveau, voire d’ajouter des règles humaines aux commandements de Dieu. C’est exactement ce que reproche Jésus aux pharisiens lorsqu’il les traite d’hypocrites en Matthieu 23 : ils ont négligé les principes fondamentaux de justice, de compassion et de fidélité envers le prochain. L’antidote contre ce danger est de revenir au cœur de l’enseignement de Jésus dans le « sermon sur la montagne » : aimer Dieu et aimer son prochain.

Un autre danger est d’oublier le sens de la transformation : de l’intérieur vers l’extérieur. Il ne s’agit pas de mettre l’accent sur un comportement extérieur, mais de souligner l’importance des motivations intérieures. Ce sont elles qui doivent être transformées avec l’aide du Saint-Esprit, en collaboration avec notre volonté et notre désir de croître dans la lucidité sur nous-mêmes. Alors elles porteront des fruits visibles dans notre comportement.

L’enseignement le plus efficace est le témoignage de vie. Ce que Jésus enseignait, il le vivait. Suivons donc son exemple. Ayons confiance que Dieu agit dans la vie de l’autre. Soyons encouragés par la promesse de son soutien et de sa présence avec nous tous les jours, malgré nos doutes, notre manque de ressources pour accomplir cette tâche, malgré l’opposition du monde à l’action de Dieu et nos échecs. N’est-ce pas Lui qui bâtit son Église ?

 

1 : « Disciples… donc en mission ! », Editions mennonites, Les dossiers de Christ Seul, 2003
2 : Matthieu 28.19-20
3 : Genèse 17.7, Matthieu 28.20b
4 : Matthieu 23.3

 

Extrait de la rubrique « En mission » de Christ-Seul – juillet 2019 

Par Linda OYER

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.